dimanche 15 mars 2009

Dans la tête de Lily...


Je suis une chatte d'Espagne, un calico comme dirait ma maîtresse. D'ailleurs, elle me surnomme Lily, mais apparemment que je m'appelle Elizabeth, au complet. Il paraît que c'est une reine... même deux! Et elles ont de grosses robes. Moi aussi, j'ai une grosse robe. Elle est noir charbon, mouchetée de brun-roux. Sur ma poitrine et mon bedon, c'est tout blanc. Vous saviez que le pelage blanc sur les chats est une absence de couleur? J'ai entendu ma maîtresse (Stéphanie qu'elle s'appelle, ou parfois y a son compagnon qui la nomme « namour » , je vois pas la ressemblance entre les deux noms...) que c'était la même chose que les yeux bleus sur les humains. Mais je ne comprends pas ce qu'est d'être une couleur ou non. Moi je vois la différence, s'il y a une différence il doit bien y avoir une couleur?

On croit que les chats ne distinguent pas les couleurs. Bien je peux vous dire que c'est faux. Je vois le rouge, le jaune, le mauve, le bleu, le vert. Mais la couleur que je préfère, c'est le rose! Parlant de rose, mes maîtres m'ont donné un jouet que j'adore : une fausse souris rose! J'en ai de plusieurs couleurs, mais j'arrête pas de les perdre. Mes favorites sont la rose et la jaune, car ce sont celles que je retrouve le plus souvent! En arrière de la grosse machine qui fait du bruit et qui aspire, sous l'autre machine qui fait autant de bruit et qui bouge beaucoup, dans les placards (c'est fou ce que l'espace sous les portes peut être grand!), sous le grand meuble confortable où mes maîtres se tiennent la moitié du temps.

La machine qui fait du bruit et qui aspire, je la trouve drôle. Elle me passe dessus, me masse, me flatte, me décoince les noeuds et me libère du poil en trop. Mon compagnon à moi, Edward qu'il s'appelle, il aime pas la machine. Je pense qu'il a peur du bruit. Je me demande bien pourquoi, moi j'ai connu des machines qui faisaient bien plus de bruit que ça! J'ai été trouvée dans un bizarre de truc à quatre roues qui avançait lentement. En fait, je suis allée me cacher là parce qu'un petit chien jappait en me faisant mal aux oreilles et que j'avais froid. J'étais confortablement installée sur l'appareil qui vrombissait dans le truc à roues, parce que ça me rappelait ma mère et que ça me réchauffait. Même si on était l'été, il ne faisait pas très chaud!

Après, ça s'est passé tellement vite que je ne me souviens pas de tout. Je sais que j'ai été déplacée à l'intérieur d'un genre de cabanon, puis une jeune fille m'a emmenée chez elle, là où il y avait déjà deux chatons tigrés. Ensuite, elle m'a emmenée chez une autre jeune fille, chez qui il y avait un drôle de chat pas très sociable. Il me crachait tout le temps après! Le pire, c'est qu'il a cessé de cracher et de chigner lorsque la première jeune femme est partie. Je n'ai rien compris! Je l'aimais bien, pourtant. Elle m'a donc laissée chez la jeune femme, son propre compagnon et le chat anti-sociable. Le grand chat blanc, moi je voulais être son amie mais lui avait pas l'air de vouloir. Je sentais son odeur partout : sur les meubles, sur les couvertures et même sur Stéphanie. La première nuit, tout le monde semblait dormir ensemble. J'ai pas voulu être à part et dans un endroit où ça sent trop le chat qui veut pas de moi, alors j'ai dormi sur l'oreiller du compagnon de Stéphanie. Lui, son nom c'est David. J'entends souvent prononcer son nom, mais en fait la plupart du temps c'est plus crié que simplement « prononcé » . Soit c'est pour poser une question, soit c'est pour le chicaner ou soit pour lui demander un service. Sinon, je ne sais pas pourquoi, mais il a le même surnom que Stéphanie : Namour. Pourquoi ont-ils deux prénoms différents mais deux surnoms pareils? Je ne saisis pas. L'important, c'est que je sais qui parle car je reconnais la voix.

Toujours est-il que, la première nuit, j'ai dormi sur l'oreiller de David. Pas nécessairement parce que j'avais une préférence, mais plutôt parce que le grand chat blanc et noir dormait par-dessus les couvertures, entre les pattes de Stéphanie. David sentait aussi moins fort le grand chat anti-sociable. Ça sentait bon, c'était réconfortant de chaleur et il ronflait tellement doucement que j'avais l'impression qu'il ronronnait.

Depuis, je vis dans ce foyer. Edward m'aime beaucoup mieux maintenant, il dort collé sur moi et moi sur lui, on se lèche mutuellement, on joue à joue contre joue, il me surveille quand je cours à travers l'appartement. On s'amuse à regarder les voisins, les oiseaux et les écureuils par la fenêtre. J'avoue que je m'ennuie un peu du dehors, des odeurs de l'extérieur, de l'herbe et de grimper dans les arbres. Mais au fond, je me sens bien, car je suis enfin dans ce que je peux appeler un « chez moi. »